Fondation Un Coeur

*Clinicat faune sauvage Fondation un Cœur / Yaboumba*

Le Dr. Pierre HUBERDEAU a été l’an dernier le clinicien vétérinaire recruté dans le cadre du Clinicat « faune sauvage » financé par la Fondation un Cœur, en partenariat avec l’association Yaboumba et la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris. Il va nous parler du medical training en parc zoologique.

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  • Le medical training, de quoi s’agit-il ?

Le principe du medical training est de permettre la réalisation d’actes vétérinaires que les animaux n’accepteraient pas spontanément, et ce grâce à un entraînement spécifique.

Cette méthode est largement utilisée auprès des animaux sauvages dans les parcs zoologiques. Ainsi, des actes invasifs peuvent être réalisés sans anesthésie, tout en réduisant l’anxiété de l’animal.

  • Comment faire accepter l’acte vétérinaire à un animal sauvage ?

Le medical training est avant tout basé sur une relation de confiance entre l’animal et son soigneur qui le nourrit tous les jours et le connaît bien. Souvent, l’animal a son « soigneur favori » et n’accepte de travailler qu’avec lui.

Il repose sur un système de récompense dès que l’animal réalise le comportement désiré : c’est ce que l’on appelle du renforcement positif. Il peut s’agir de nourriture (stimulus gustatif et olfactif), ou bien d’un stimulus auditif : le clicker, dispositif produisant un son fort et bref de « Clic » permettant à l’animal de déterminer très précisément le geste qui plait au soigneur.

Le meilleur moment de la journée pour exercer l’animal est le matin avant de le nourrir, afin que la friandise soit perçue comme une motivation. Il est néanmoins important que la quantité de nourriture donnée au cours de la séance soit comptée dans la ration journalière de l’animal afin de prévenir les déséquilibres alimentaires et le surpoids.

Si la relation de confiance est perdue au cours d’une séance, il est nécessaire de la récupérer doucement et de toujours terminer sur une note positive, même si l’animal n’est pas disposé à travailler ce jour-là.

  • Quel est le rôle du vétérinaire ?

Le vétérinaire forme le soigneur afin de s’assurer que l’ensemble du training soit effectué correctement dans le but final de réaliser l’acte vétérinaire souhaité. C’est cependant le soigneur qui contrôle les réactions de l’animal et assure la sécurité de tous. La coordination entre le soigneur et le vétérinaire est donc indispensable au bon déroulement de la séance.

  • Avec quelles espèces peut-on travailler ?

Le medical training est réalisable auprès de toutes les espèces animales : mammifères, reptiles, oiseaux, poissons etc.

Par exemple, à la Ménagerie du Jardin des Plantes où j’ai réalisé mon clinicat en association avec la Fondation un Cœur, on apprend aux Orang-outans de Sumatra (Pongo abelii) à accepter que leur soigneur leur mette du gel sur le ventre en vue d’une échocardiographie (échographie cardiaque).

Ils sont également entraînés à la réalisation de prises de sang sur leurs membres antérieurs. De tels examens nous permettent d’analyser les paramètres sanguins fondamentaux à leur suivi médical, comme par exemple le taux de progestérone qui est une molécule intéressante à suivre puisqu’elle varie selon le stade de gestation d’une femelle.

L’Orang-outan est principalement guidé par la voix (70%) et les gestes/ regards (30%) du soigneur. Il a, en récompense, droit à des noix, des fruits secs ou des madeleines !

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Credit photo : MNHN – Jérôme Munier

Où fait-on les séances de medical training ?

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Credit photo : MNHN – F.-G. Grandin

Cela dépend principalement de l’espèce : l’entrainement d’un Orang-outan est réalisé dans sa loge intérieure au travers des barreaux car il s’agit d’un Grand Singe, pouvant être dangereux pour son soigneur.

Le médical training d’un Fourmilier géant (Myrmecophaga tridactyla) se fait directement dans son enclos car il ne représente pas de danger particulier pour l’Homme. Il nécessite tout de même quelques aménagements afin de limiter les risques associés : un couloir, des barres de pesée etc.